dimanche 20 janvier 2008

Rencontre entre un Cyrano inoubliable et un Jacques Weber immense

Jeudi 17 janvier : le Théâtre est en ébullition. Les applaudissements d’un public transporté par la poésie de Grand corps Malade ou l’humour du Jamel Comedy club, traînent encore dans les couloirs du théâtre, comme une douce symphonie. Mais ce soir, c’est un tout autre roi qui s’apprête à conquérir le public ; lentement les minutes s’écoulent, les gens se pressent, c’est la cohue, l’agitation, l’impatience quand soudain…les lumières s’éloignent, l’artiste pénètre sur scène, les regards sont subjugués, Jacques Weber est arrivé…

Un écran de cinéma prend place au centre de la scène, entouré de tables, de chaises, de verres et dans un coin d’un piano. C’est un décor indéfinissable, sans cadre spatio-temporel précis et sans prétention, dominé au centre par le fauteuil de l’artiste, où l’attend son chapeau à plume, signe de sa suprématie.
Le piano-bar dans ce pseudo décor de bistrot vient rythmer la pièce et suggère une atmosphère particulière, empreint d’émotion mais également de rires, visibles sur les visages du public tout comme dans les regards des comédiens.
André Serré, le metteur en scène, nous propose une nouvelle interprétation de l’œuvre d’Edmond Rostand. La chronologie est respectée et le texte recoupe les meilleurs moments, comme la célèbre tirade du nez. Le film muet Cyrano d’Antonio Génina et des lectures viennent combler les ellipses et permettent d’enrichir la mise en scène, tout en modernisant l’approche.
On découvre seulement trois acteurs sur scène pendant presque deux heures de spectacles. Les rôles sont accumulés ; Jacques Weber interprète successivement Cyrano, Ragueneau et sa fameuse recette des tartelettes amandines, mais également La Duègne et De Guiche.
Anne Suarez qui joue principalement Roxane et Xavier Thiam, Christian, lui donnent magnifiquement la réplique, même si le maître occupe majoritairement l’espace par son omniprésence et sa voix tonitruante.
Cette pièce est avant tout une rencontre entre Weber et son rôle de toujours. Il ne peut pas décevoir, mais il surprend par l’originalité. Il chante, il danse, il décline énergiquement et royalement ses répliques. Les tirades sont savoureuses et revisitent la déclaration d’amour de Cyrano à Roxane, tout en déclinant l’amour du metteur en scène pour le texte et de Jacques Weber pour son rôle. La performance unique des acteurs a été couronnée par l’ovation finale. Le public ponot a unanimement savouré cette vision émouvante et dramatisée de l’œuvre, en s’agenouillant devant la beauté du spectacle et la majesté de cet art intégral...

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